Le décret « fourre-tout »: mon intervention
18 mar
Retrouvez ci-dessous mon intervention lors de la séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 3 février 2016:
Madame la Ministre,
Chers collègues,
Nous avons voté en commission un projet de décret important, dont j’aimerais mettre certains points en avant.
Tout d’abord, je désirerais m’arrêter sur le balisage des compétences initiales à acquérir dès les classes maternelles : ce balisage traduit un souci de cohérence et de progressivité des premiers apprentissages et d’articulation entre classes maternelles et primaires. Il convient d’abaisser l’âge de l’obligation scolaire et en tout cas d’inciter à la fréquentation scolaire assidue en classes maternelles. A cet égard, je tiens à rappeler que notre groupe a déposé, avec le partenaire de la majorité, un texte visant à rendre obligatoire la fréquentation en maternelle. Baliser des apprentissages initiaux c’est donner un signe fort quant à l’importance du cursus préscolaire. Bien entendu il faut veiller à ne pas « primariser » l’enseignement maternel. Celui-ci a pour objectif premier de familiariser les enfants suffisamment tôt à la culture de l’école pour travailler sur les différences entre la culture familiale et la culture scolaire et pour faire progresser les enfants dans la maîtrise de la langue de l’enseignement. C’est le point de départ du partenariat souhaitable entre familles et écoles.
J’aimerais également pointer l’importance du pilotage au niveau de chaque établissement : il importe que chaque équipe locale se livre à une analyse globale des défis et enjeux à rencontrer, des faiblesses et ressources, en tenant compte de son contexte, de son public, de son projet d’établissement et traduise son analyse en actions prioritaires. C’est d’ailleurs ce que visait un dispositif comme le PAC (plan d’action collective) pour le premier degré. Le présent décret étend cela à tous les établissements pour toutes les formes et filières et niveaux d’enseignement. Il faut néanmoins veiller à laisser les acteurs de terrain au centre des dispositifs mis en place car sans leur adhésion aucun infléchissement, a fortiori aucun changement de fond n’est possible. Les études sociologiques montrent que le management par l’évaluation des résultats obtenus et des moyens mis en œuvre pour les atteindre risque, lorsqu’il est trop normatif ou prescriptif, d’engendrer résistances, frustrations, et surtout d’entretenir un sentiment de déresponsabilisation.
C’est pour éviter ces écueils qu’ont été menées les négociations et que certaines dispositions ont été modifiées, suite à l’avis du Conseil d’Etat et les discussions avec les acteurs, de manière à permettre à chacun d’être parfaitement conscient de l’enjeu et de se sentir plus à l’aise avec le développement du plan de pilotage et du dispositif de rattrapage. C’est de ces négociations que sont notamment issus des éléments tels que l’avis rendu a posteriori par l’Inspection sur le plan de pilotage, ainsi que le protocole de collaboration visé à l’article 70
La mise en œuvre des bassins enseignement-formation-emploi nécessitait un ajustement des zones d’enseignement. Ces précisions géographiques et techniques ne sont pas insignifiantes puisqu’elles contribuent à la mise en place effective d’un dispositif qui vise à mieux déployer l’offre d’enseignement en fonction des spécificités socioéconomiques d’une sous-région et à renforcer les synergies entre différents opérateurs ou acteurs de développement régional. Cela va donc dans le bon sens.
Je pointerai enfin une disposition visant à rétablir une certaine égalité de traitement des maîtres de religion en prévoyant, quel que soit le réseau d’enseignement, que les sanctions disciplinaires prises à l’encontre des professeurs et inspecteurs de religion sont prises après consultation du chef de culte, sans que l’autorité disciplinaire puisse être liée par la position adoptée par ce dernier.
Ce décret comporte ainsi plusieurs dispositions d’importance dont nous ne pouvons que nous réjouir.